J’ai toujours cru en Dieu. Je ne me suis jamais posée la question. Il y a un dieu à l’image de l’homme et c’est ainsi.
C’est ce que papa croyait.
C’est donc ce que j’ai cru.
Céleste m’inspirait beaucoup de bienveillance. Je sais qu’elle avait foulé des terres où je ne serais jamais allée. Fait des choses que l’on pouvait trouver réprouvables. Mais il émanait une lumière de Céleste. L’importance du prénom, sans doute.
Moi, mon prénom, est un diminutif de Christiana. L’on dit aussi qu’il provient des langues hispaniques et qu’il évoque une petite fille. Tout semble bien fait, n’est-ce pas ?
Qui aurais-je été si l’on m’avait nommé Louise (la combattante ?).
En attendant, si Céleste avait décidé d’illuminer ma vie et de me rendre plus forte, j’avais de mon côté décidé de la guider vers son but: Chamonix ou l’acceptation d’elle-même.
J’avais dès le début compris qui elle était. J’avais saisi pourquoi Miguel l’avait préféré. Sa spontanéité. Sa légèreté de surface. Son sens des couleurs et de la musique.
Mais une blessure plus profonde avait mis un voile sur sa vision de l’Homme. Sa réalité ternie lui mangeait les entrailles. Et si elle avait décidé de combattre ce filtre par des rires programmés et le déclic de ce voyage, elle aurait besoin de quelqu’un pour lui tirer la main quand elle serait perdue dans ses rêveries. Je ne poserai pas de question au cours de ce voyage. Elle se livrerait à un moment, inattendu, et j’accueillerai son histoire calmement.
Céleste avait caché une bouteille dans le fond de son sac. Pour l’instant, je ne l’avais pas vu y toucher. Mais j’avais bien compris que l’éthanol était des lunettes de soleil aux verres roses qui lui permettaient de recolorer les rues, les gens, les actes. J’étais prête à la confronter à la lumière jaune naturelle de ce mois de juin.