Il ne m’a pas dit son nom, mais je m’en fichais. Bertrand, René, Matthieu, Paul: ce n’est pas ça qui m’intéresse. Je ne veux juste pas me retrouver seule. J’ai trop peur seule chez moi.
D’accord, j’ai l’air d’une femme. Je suis une fille. J’ai besoin d’une béquille. De chair ? Oui, je m’en fiche de leur âme.
Il a poussé la porte, j’ai fait le code, on a ouvert. Il fait noir, j’allume vite. Le MP3 tourne encore sur la chaine et la bouteille est déjà sortie. Je lui propose un verre, il ne veut pas répondre, il enlève déjà mon gilet.
Alors on sombre. Lui souriant, moi déjà partie. J’ai soif.
Quand c’est fini, je ne bouge pas, trop effrayée de le voir se lever. Il reste la moitié de la bouteille, je le vois depuis le lit collé au mur rouge de mon studio. Si je fais le moindre geste, il va arrêter de ronfler et prendre un taxi. Alors je tremble.
Mes amis disent de moi que je suis indépendante et forte. Mes amis me font souvent rire.
Quand tous mes muscles se contractent je crève de douleur. Je sue. Je me redresse, me mets sur mes deux jambes. Et tout recommence.