L’Adieu à Matthieu – Céleste

L’Adieu à Matthieu – Céleste

Quand le téléphone a sonné pour la dixième fois, j’ai refusé de décrocher. Comme les 9 premières fois.

Quand on sait ce que les gens veulent nous dire, est-ce bien nécessaire d’en faire un foin ? J’attends qu’il se lasse.

Keep busy.

Fourmillements dans mes oreilles.

Je lis aujourd’hui.  Carnets du sous sol. Dostoïevski. En regardant un livre sur Hopper.

Aujourd’hui, je reste occupée, loin des fenêtres qui donnent sur la rue et de mon téléphone.

Mais déjà voilà que ça frappe à la porte. Laissez moi en paix.

Lire la suite « L’Adieu à Matthieu – Céleste »

Quelqu’un – Il y a longtemps

Quelqu’un – Il y a longtemps

Elle ne sait pas vraiment depuis combien de temps elle est là. Elle regarde le réveil qui trône sur une petite table de chevet. Des chiffres. Si elle aime regarder les mots, elle trouve les nombres froids et muets. Un mot, plein de boucles, de ronds, avec des points et des lignes droites, ça dessine des histoires.

Un chat se cache dans le mot charmant et un papillon dans philosophie.

Elle aime dessiner.

Lui, il le sait. C’est pour cela qu’il a installé cette pièce. « Il n’est pas si méchant » pense-t-elle.

Elle regarde ses pieds nus, les montagnes qui côtoient les lignes électriques telles des rivières, et la poussière de la moquette qui s’y est accrochée.

Elle rit, un de ces rires francs d’enfants qui ne craignent pas de recevoir une gifle après un moment d’emportement.

Lui, il rentre, il lui tend la main, il l’aide à se lever. Elle, sensible au toucher doux de la main, se laisse faire. Lui, la serre contre son corps délicatement, lui embrasse le front, lui prend la taille. Ils dansent au son des voitures qui envahissent la rue. Lui, aime son visage de femme mûre et accepte la folie qui l’étreint. Elle ne croit pas le reconnaître.

Elle, elle croit que cet homme est beau, et qu’il est tendre avec elle en ce moment. Lui, lui ouvre la porte et l’emmène dans la cuisine, lui tend une chaise. « Tu veux manger ? » demande-t-il. « Oui » fait-elle de la tête.

Elle n’est pas muette, elle sait murmurer, elle chante parfois, mais elle redoute de parler, de combler le silence par des choses stupides qui sortiraient de sa bouche.

Alors, elle murmure, de peur de s’imposer.