Mois : août 2016
Nina #1
Nina #2
Prologue – Coline
Je ne ferai pas long, promis.
C’est juste que Céleste est encore arrivée dans un état pitoyable.
Je m’inquiète. Je ne dis rien, souris. C’est ce que feraient les bons amis, n’est ce pas?
Elle doit bien se rendre compte. Ai-Je donc besoin de le redire à haute voix ?
Mon job, c’est la faire rire, je crois.
Je l’amène au ciné de temps en temps. J’évite les bars, les pubs, les restaurants. Quand je l’invite, juste de la bière.
Oh, je le connais ce démon. Je le reconnais si bien. Ses yeux prennent la place des doux yeux de mon amie. Sa bouche tordue par l’envie de pleurer. Grimaçante presque.
Oh Céleste où es tu passée? Ne peut on te rencontrer qu’au réveil quand tu t’en tiens au café chez moi ?
Je ne suis pas la seule à m’inquiéter. Ta maman Céleste. Ton grand frère. Eux aussi ça leur tort les tripes.
Tu te cherches encore. Quand j’écoute en boucle Video Games, je me rends compte que je devrais être ta partenaire de vie. Celle qui t’accompagne dans les moments difficiles. Mais tu portes ta vie comme un fardeau. Je ne peux être là à chaque heure, à chaque seconde.
Céleste, un jour, je te dirai d’arrêter de déconner. De regarder ton vrai reflet, celui où tu m’apparais comme une fée qui doit flotter sur l’existence.
Les gens qui t’entourent. Tu m’as présenté ton homme attitré. Celui d’une autre. Laisse le lui.
Tu m’entends Céleste?
Ah. Elle s’est rendormie. Déjà. La tête sur mes genoux. Tu ne te souviendra pas de tout ça, demain, je suppose ? Si tu savais comme je t’aime, Céleste.
Prologue – Miguel
J’ai su marcher à un an, parler comme un dictionnaire à deux, faire du vélo à 4, nager comme un champion à 5.
Sincèrement, prendre la parole ici, c’était nécessaire. Je ne suis pas celui qu’on décrit. Ni bon, ni mauvais, un homme en somme. J’accepte les parties un peu plus ténébreuses de mon être. C’est ainsi. Les nier, une absurdité, une hypocrisie. Je suis un des rares lucides.
Oui, je m’emporte. Oui, je sais aimer. Oui, j’aime cuisiner. J’aime boire, un peu.
Ma femme ? Ma femme n’est pas douée, soyons honnêtes. J’aimerais faire d’elle une meilleure personne. Ma femme ? Ne l’écoutez pas, toujours en train de se plaindre celle là.
Je n’ai pas l’intention de divorcer. J’arriverai à faire d’elle une femme bien. Une bonne épouse. Une femme au foyer dévouée.
Cette femme c’est mon projet. Quand je l’ai vu, je me suis dit quel vide ! Je vais en faire quelque chose ! Il y a matière à faire quelque chose. Mais tellement à bouger.
Chaque jour je m’emploie à l’éduquer. Alors, oui, je la bouscule, ne soyez pas trop premier degré. Enfin. Des fois si. Mais c’est nécessaire dans l’éducation pour faire rentrer les idées vous comprenez ?
Nina, c’est une femme docile et en même temps immuable, vous suivez ? Je me bats chaque jour pour qu’elle se sèche les cheveux, qu’elle se chausse, qu’elle arrête de rêver. Je m’emploie chaque jour à ce qu’elle écoute de la vraie musique, qu’elle apprenne à cuisiner, qu’elle maigrisse, qu’elle se maquille, à ce qu’elle sache traiter le linge. Chaque jour, je m’obstine à ce qu’elle devienne une femme éduquée, qu’on puisse être fier de présenter.
Pour être franc, en société, je préfère qu’elle la ferme, soyons honnête. Ah. Ne me traitez pas de macho. Le problème ce n’est pas les femmes, mais les femmes comme elle.
Chavirer – Céleste
C’est une notion qui m’est familière. Ce que l’on ressent au fond de soi pour quelque chose de beau. Une phrase, un mot, une image, une odeur. Le col de ta chemise.
Chavirer. Chavirer dans tes bras, plonger dans tes messages, ma tête balançant, mon cœur qui s’emballe, mes jambes ne me portent plus.
Chavirer.
Oui. Je suis un bateau perdu sur l’océan. Qui n’a ni rame, ni voile. Que seul le courant déplace. Oui. Tes messages. Des cris de sirènes. Le soleil.
Chavirer.
Dériver.
Ne plus rien contrôler. Se laisser porter par une mer d’émotions. Pleurer. A l’abri des regards.
Chavirer. Dériver. Partir vers d’autres terres. Goûter à de nouveaux goûts. Me laisser emporter. M’enivrer.
Chavirer dériver jusqu’à ne plus rien ressentir. Être enfin bien.
Ne plus rien ressentir.
Ni le manque, ni l’envie, ni la peur, ni la soif, ni la faim.
Tu me fais chavirer. Tu me fais dériver.