J’aimerais comprendre. Me comprendre.
Je suis un salaud. Je suis un sale type. J’ai des idées dégueulasses qui me traversent la tête. Souvent. Depuis longtemps. Je sais que je suis répugnant. J’avais pris pour parti de mener une vie la plus normale possible. Que d’être carré me soignerait. Je suis malade.
Ce ne sont pas des paroles de pénitence. Ni d’excuses.
Je pourrais vous dire que j’ai été violé. Touché. Abusé. Jeune. Mais il n’en est rien.
Je pourrais vous dire que ma mère m’a douché jusqu’à l’âge de 14 ans. Mais c’est faux.
Je suis un salaud. J’aime le corps de ma fille. Sans forme. Propre. Qui sent le shampoing aux fruits et le sucre.
Je n’ai jamais voulu faire de mal à quelqu’un. Encore moins à elle.
Quand Coline a montré le dossier, je suis mort à l’intérieur. D’un coup. Ces moments furtifs que je volais, souvent, tous les soirs, c’étaient des parenthèses enchantées dans mon quotidien. Que je ne partageais pas. Qui ne semblaient exister que pour moi.
De les voir dessinés par ma fille. De les voir décrits. De saisir que ce qui me semblait finalement si innocent une fois passé la porte était sordide. Réel.
Cet homme c’était moi.
Je suis mort. Je suis un salaud. Ces images qui me semblaient si belles sont devenues un cauchemar sous son coup de crayon.
Je me suis levé. Sans mots. J’ai ouvert la porte. Descendu l’escalier. Traversé la rue. Marché 10 minutes. Et attendu le passage d’un train.