Avoir retrouvé mon père avait remis de l’ordre dans tout. Comme si ce qui aurait du me tenir droite depuis le tout début avait enfin jailli du sol.
On pourra dire ce que l’on veut. Je pourrais me redire mille et une fois ce motto qui m’a accompagné des années « Ca ne sera que moi, et moi seule jusqu’à la fin de ma vie », avoir trouvé ce repère avait mis une majuscule à la première phrase qui avait ouvert le livre de ma vie.
Et m’avait donné envie de corriger la syntaxe entière du corpus.
Et cette correction faisait mal.
Des coups dans mon ventre venaient troubler le calme extérieur.
Je me haïssais pour ce que j’avais été. Ce que j’avais fait.
Ce que j’avais bu. La personnalité que je m’étais insidieusement construite à coups de larmes et de mélancolie.
J’avais joué un rôle qui m’avait lamentablement laissé terrassée au sol.
Une capricieuse hyper sensible. Une poupée de chiffon à l’allure de guerrière. Une accro à l’attention.
Pouvais-je corriger mes erreurs ? Avais-je blessé des gens ? Et si oui, gravement ? Des excuses seraient-elles profitables ?
Mon père m’avait accueilli à bras ouverts, sans poser de questions sur mon passé. Il voulait savoir qui j’étais à l’instant T.
Oh, papa. Que je préfère te présenter cette Céleste.
Plus douce, moins acquise à la cause de la sensiblerie. Peut être plus sûre d’elle et donc moins vindicative au final.
Nina a été pour moi un remède à ma maladie. Notre amitié, née dans la tolérance et l’acceptation mutuelle, a été pour moi une clé vers la volonté de changer.
De sortir de mon labyrinthe de misère.
Je ne pourrais pas me faire pardonner par les gens qui m’ont entouré. A qui j’ai présenté cette fausse personne que j’étais.
D’ailleurs, penser que j’ai eu de l’importance, n’était-ce pas de la présomption ?
Je retourne à ma peinture. Elle est blanche. Je vais y dessiner quelque chose de beau et de neuf. Quelque chose qui me ressemble. Je vais faire de mon mieux.
Papa m’a donné une toile. Il est peintre. Je tiens ça de lui.