Le coup de Téléphone – Delphine

Le coup de Téléphone – Delphine

C’était le jour de mes 56 ans que j’ai ressenti le besoin de reparler à ceux qui étaient à moitié moi et tellement loin.

Louis a toujours été celui dont j’ai été le plus proche. C’est le moins amoché de mes enfants.

Aujourd’hui je les ai tous appelé.

« Je veux te voir maintenant ».

Maxence a reniflé, je lui ai dis de passer chercher Céleste. Ma fille n’a rien dit. Céleste ne parle pas.

Louis me tenait déjà la main. Car aujourd’hui 20 ans après mes années folles, j’allais leur donner mes enveloppes de souvenir. Et ils pourront, s’ils le souhaitent, aller à la recherche de la pièce manquante, leurs pères.

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15 avril 2013 ou la fin du rêve – Nina

15 avril 2013 ou la fin du rêve – Nina

Parenthèse enchantée. Deux seules couleurs qui emplissent ma vie: le vert, le jaune. J’ai mangé autant de baies que je le voulais.

Mais tout est impermanent n’est-ce pas ?

Louis m’a saisi la main, un jour. Au dessus de la table. Il m’a souri.

Et j’ai su que c’était la fin. Que je n’allais pas savoir aimer cet autre. Que je ne savais en aimer qu’un. Un qui me manquait depuis déjà 3 semaines. Que je ne pourrai pas faire semblant. Que Louis ne serait toujours qu’un ami, un protecteur.

J’ai faim de cris. J’ai faim d’attention. J’ai faim de compliments et faim d’insultes. Je veux exister. Mon cœur veut battre la chamade. J’ai faim d’explosion, de fureur, de passion. On m’a trop mal habitué. L’adrénaline, l’excitation de la survie, ses bras, comme une addiction.

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Le coup de téléphone – Céleste

Le coup de téléphone – Céleste

Aujourd’hui, maman a appelé.

« Je veux te voir maintenant ».

J’ai reçu la même directive de la part de Louis par mail et la sonnette a retenti.

Derrière la porte blindée de mon immeuble, un p’tit mec, sec, cheveux bouclés, Max.

Maxence se précipite vers moi et me serre dans ses bras. Ses os me font mal.

« T’as eu maman ? »

Maxence, de deux ans mon aîné, n’a pas su trouvé sa place au milieu.

Alors Louis nous a toujours chapeauté comme des jumelles fragiles aux tresses nouées par un ruban. Les deux petites choses à ne pas bousculer.

Louis était le pic pour lequel je gravissais des kilomètres et acceptais de traverser des cuvettes. Il était la personne à qui je voulais ressembler. Louis était un bouclier, un rempart contre le monde extérieur.

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Prologue – Max

Prologue – Max

Je ne sais ce que j’fous là, je ne sais même pas si j’ai voix au chapitre.

J’ai connu le chagrin, j’ai connu la faiblesse. Dans ma tête et dans ma chair. J’ai aimé, oui, mille fois aimé. Ma grand-mère d’abord, ma soeur, à la folie, puis Margot, puis un autre.

J’ai aimé pour les mauvaises raisons, pour qu’on m’aime en retour. Pour qu’on me complimente. Pour m’ouvrir au monde.

Je ne sais pas être seul. Je ne ris plus et ne pleure plus non plus. Je ne parle plus. J’écris à peine. Sur mon téléphone. Un message pour Céleste.

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16 mars 2013 ou l’inspiration – Nina

16 mars 2013 ou l’inspiration – Nina

Quand le moteur s’arrête,  je me réveille en sursaut, coupable de m’être endormie sans avoir fermé la porte.
Mais je suis assise sur un siège de voiture, confortablement recouverte d’une couverture noire.

Louis pose gentiment sa main sur mon bras, embêté de m’avoir effrayée. Dehors, ce sont les dernières lueurs du soleil. Les couleurs sont encore chaudes. Comme si le ciel entier me souriait.

Je n’ai enfin plus peur.

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15 mars 2013, ou la liberté – Nina

15 mars 2013, ou la liberté – Nina

Le vent me souffle aux oreilles, la voiture ne roule plus mais vole, et Louis m’amène loin, le plus loin possible il a dit. Je passe de poings pointus à des bras qui enlacent avec le respect et la sérénité d’un frère.

Je ne sais pas où l’on va, on ne laisse juste aucune trace. J’ai 50€ en argent liquide et Louis complète avec sa carte bancaire personnelle.

Depuis longtemps, respirer n’est plus douloureux, il y a des fleurs violettes sur le bord de la route. « Ma » musique à la radio. Que Louis télécharge pour la passer autant de fois que je souhaite sur le trajet.

Je trace un trait dans ma tête sur un M, le I, le terrifiant G, le U toujours méfiant, le E qui crie, un L lugubre.

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Février 2016 – Céleste

Février 2016 – Céleste

Mon excursion en centre ville m’a fait revenir avec 2 paquets de café et une boîte de peinture acrylique.

J’ai une passion pour la café. D’abord, c’est noir, chaud et servi dans une tasse immaculée. Et puis j’en bois depuis toujours.
Je finissais les tasses des adultes en cachette, allant jusqu’à lécher le marc pour ne pas en perdre une miette.

Sur moi, la caféine n’a pas d’effet. Je ne dors ni moins bien, ni mieux. Je ne suis pas plus agitée, ni plus calme. Enfin, je le crois.

J’allume la télé et j’éteins la musique, il est 2h du matin.

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15 mars 2013 – Nina

15 mars 2013 – Nina

Un pied sur une chaise, un pied par la fenêtre, je cherche mon équilibre pour ne pas retomber vers l’intérieur.

La grande évasion, c’est aujourd’hui.

Un jour, il était venu un autre homme. Par hasard. On avait partagé un accoudoir dans un train. Ça l’avait mis en rage bien sûr, Miguel, quand il avait vu sa manche toucher mon manteau.

On s’était levés, on avait changé de wagon.

Mais il m’avait retrouvé. Touché par mon regard avait-il dit. Que pouvait-il faire avait- il dit.

A l’époque, la question ne se posait pas. La réponse était toute prête. Claire et cristalline.

« Tout va bien, c’est gentil ». Sourire. Crispé.

Il avait insisté, demandé mon numéro, si j’avais besoin de parler.

« Je suis une femme mariée » lui ont répondu mes talons.

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Toujours – Céleste

Toujours – Céleste

Mes pieds avalent les kilomètres, ma tête est ailleurs, ma gorge et mon souffle s’organisent pour chanter à tue-tête. Désorganisés, mes membres. Je danse plus que je ne cours.

Je danse beaucoup. Sur tous les rythmes que j’entends, dans le vent, sous la pluie, assise, dormante.

Il m’est difficile d’être statique.

Il m’est difficile de ne faire qu’une chose à la fois.

Il m’est difficile de penser des mots et qu’ils sortent intacts par ma bouche.

Il m’est difficile de vivre dans le silence.

 

Un jour, conseillée par Miguel, j’ai essayé de passer 15 minutes sans musique, sans radio, sans télé. Un supplice, assaillie par trop d’images. Impossible de me fixer. Et sa tête, oui sa tête qui me revient. Sa voix. Son atroce voix. Pour compenser, j’ai mis de la transe d’un clic.

Mes 17 ans m’ont changé pour toujours. Pour toujours, le vide, la solitude et le silence me seront interdits en étant sobre.

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Elle ne sait plus le jour – Nina

Elle ne sait plus le jour – Nina

L’odeur du tissu qui a passé quelques mois dans un placard sans lumière. C’est le noir. Comme si c’était la nuit ou le néant. Si je ne reprends pas un petit peu d’air, ça sera bientôt la fin.

Comme les enfants qui jouent au jeu du foulard, comme les adolescents qui se bécotent dans une remise, je suis assise là, derrière un manteau. Collée au fond: si j’arrête de bouger, me trouvera t-il ?

On ne joue pas à cache-cache. Enfin, je me cache mais lui ne joue pas.

J’ai lu que si on lui laissait un peu de temps, il trouverait un autre exutoire et je sortirai tranquillement de ma cachette.

En fait, ça n’a jamais vraiment marché. Mais j’ai lu que passé 35 ans, les hommes s’adoucissaient.

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