Je n’ai pas appelé. Pas envoyé de message. Je n’ai pas prévenu. La nuit est tombée, j’ai confié la petite. Et j’ai attendu. Sans bruit. Sauf celui du lave vaisselle.

Ce sont les 2 heures les plus longues de ma vie.

J’ai fait cuire du riz. Il ne mange pas le soir, généralement, il a mangé avant, mais il devra se mettre à table. J’ai mis une nappe. Mais un gros pull. Je meurs de froid. Je n’ai pas allumé la grande lumière, trop brute.

Je le ferai d’abord asseoir sur le canapé. Il refusera, mais je lui lancerai un regard sans appel. Le canapé semblera si dur que je m’y poserai à peine. Sur un bout de l’angle. Je lui désignerai l’autre bord.

Pas besoin de se poser la question de si je l’embrasserais à son arrivée.

On ne s’embrasse plus vraiment à ses retours. J’ai cru que l’arrivée de la petite m’avait rendue plus mère que femme. Que c’était normal.

Patrice est tendu. Il fronce les sourcils. La meilleure défense est l’attaque, n’est-ce pas ?

« Bon, tu le craches le morceau, qu’est ce que tu as? ».

Le morceau est beaucoup trop gros pour remonter dans ma gorge et passer à travers mes cordes vocales. Il est bloqué. Dans mon bide, là où ma petite a grandi pendant ses premiers mois. Il est bloqué dans mes poings qui veulent déjà lui faire du mal, mes mains qui veulent lui arracher les cheveux.

C’est le dossier que je produis, le déposant lentement devant lui. « Dépôt de plainte » et « Evaluation Psychologique ».

C’est à peine si son visage se déforme.

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