Ce matin, il a reparlé. A moi. Directement. Il m’a parlé du linge. Et de moi. Ma capacité à m’en occuper. Enfin. Mon incapacité.

Et puis, il a ouvert la porte fenêtre, il est sorti. Et la porte a claqué. Le vent. Ou son bras, je ne sais plus.

J’ai foncé dans la chambre où se trouve notre panier à linge sale. J’ai commencé à tout trier. Trois tas. Le foncé, le blanc, les couleurs. Et puis j’ai re-séparé le linge de maison qui se lave à 90°. J’ai entendu le moteur se mettre en route. Près de mon oreille, une tronçonneuse aurait bourdonné que ça aurait été la même chose.

Je tremble mais je ne peux pas m’arrêter. Il a raison, je dois faire mieux. Mieux faire. Je tire sur mon haut manche trois quart. J’ai très froid.

Je me mets à rêver à d’autres bras. Des bras blancs et rassurants. Il part bien lui, pourquoi moi jamais ? Oserais-je ? Que ferait-il ? Sa fureur trouverait elle une issue ?

Fureur. Oui. Depuis le début, il est furieux. Curieux que ça m’ait plu et que je sois restée. Je pensais être apaisante, douce et réconfortante. Je l’étais sans doute un peu. Maintenant, je ne sais plus m’y prendre: incapable de calmer ses doutes. Je comprends qu’à la maison il tombe le masque.

Le linge dans les bras, j’ai quitté la pièce. Tendrement, j’ai mis ses chemises à la machine. J’ai souri en détachant la sauce tomate sur le tissus gris. Et j’ai pleuré.

 

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