Mes pieds avalent les kilomètres, ma tête est ailleurs, ma gorge et mon souffle s’organisent pour chanter à tue-tête. Désorganisés, mes membres. Je danse plus que je ne cours.
Je danse beaucoup. Sur tous les rythmes que j’entends, dans le vent, sous la pluie, assise, dormante.
Il m’est difficile d’être statique.
Il m’est difficile de ne faire qu’une chose à la fois.
Il m’est difficile de penser des mots et qu’ils sortent intacts par ma bouche.
Il m’est difficile de vivre dans le silence.
Un jour, conseillée par Miguel, j’ai essayé de passer 15 minutes sans musique, sans radio, sans télé. Un supplice, assaillie par trop d’images. Impossible de me fixer. Et sa tête, oui sa tête qui me revient. Sa voix. Son atroce voix. Pour compenser, j’ai mis de la transe d’un clic.
Mes 17 ans m’ont changé pour toujours. Pour toujours, le vide, la solitude et le silence me seront interdits en étant sobre.
Je déteste courir en ville car par neuf fois j’ai failli me faire accrocher par une voiture. Le casque sur mes oreilles, mon cerveau qui vagabonde sans concertation aucune avec mes pieds rendent la tâche un peu dangereuse.
Je prends le risque. S’extraire de Paris me prendrait trop de temps et je déteste les parcs, ces paradis artificiels créés par la main de l’homme. Les seuls filtres valables que je veux bien coller entre moi et la réalité sont de l’ordre du psychotrope.
Après une course d’une heure, en récompense, j’ai le droit de passer m’acheter une bouteille. Je change de magasin tous les jours. Des fois, si je dois bosser à la maison ou avant une soirée, j’en prends deux. Si je veux jouer du piano aussi. Ça me rend plus virtuose.
Coline m’appelle pour aller au ciné. Il ne faudra pas oublier de boire avant d’y aller.