S’assommer. Toujours plus vite. C’est de plus en plus difficile. Avant d’aller au ciné avec Coline.
Un verre de vodka. Deux. Un de Jäger . Deux de blanc.
J’ai envie de rire devant ce film. A moins qu’on aille voir un drame ce serait malvenu. Coline ne comprendrait pas.
Je passe pour une bonne vivante, d’humeur égale mais quand même. Suis je aussi peu lisible?
Moi, quand je me regarde devant le miroir, je vois mes cheveux ternes. Mes yeux pochés. Mon nez violet d’avoir trop pleuré. Ma langue jaune d’avoir trop malmené mon foie. Mes dents marrons d’avoir trop fumé. Mes oreilles rougies par si peu de sommeil.
Quand je me vois dans le miroir je ne vois pas un fantôme. Je vois une sorcière.
Alors, avant de sortir, ce visage je le maquille. A la manière d’un comédien. D’une couche épaisse. Perceptible. Certainement.
Je me fais un teint frais. De poupée. Du blush. Pour devenir une jeune femme et pas une dame que la vie a déjà éprouvé.
Un nez fin.
Une bouche cerise qu’on a envie d’embrasser.
Des yeux allongés. Avec du liner. Pour donner un regard rieur et chaleureux.
Je coiffe ces cheveux qui manquent de souplesse. Ils me déguisent en jeune fille de bonne famille.
Et ces bras fins qui disent combien des fois j’oublie de manger, je les couvre de bagues et de bracelets. Je les tatoue.
Et ce corps qui dit combien la vie me pèse je l’habille d’une veste à épaulettes.
Et ce collier qui relève mon cou finit la transformation.
Alors Coline sonne et je sors. Souriante.