Elle tourne en rond. De petits ronds. De plus grands. Au fur et à mesure. Elle s’est même cognée dans un mur et la table. Ça en devient presque frénétique. Elle fait des ronds, et elle a l’impression de danser.
Dans sa tête, trop d’images. Elle en a perdu le son. Elle danse sur les couleurs qui jaillissent. Elle n’est plus vraiment là. Il lui a dit que c’était un état dépressif, mais elle s’est dit que la médecine avait pas encore compris que l’art n’était pas une maladie comme les autres.
Elle est infectée, une plaie grande ouverte. Son appartement est un pansement qui la protège des autres bactéries qui menacent de rentrer.
Elle a tapé dans la table.
La tasse est tombée, elle s’est brisée. Elle a un morceau de faïence dans le pied. Elle l’ignore mais il y a du rouge partout sur le sol. Les empreintes dessinent des vallons et des coins de tranquillité.
Elle ne voudrait s’arrêter pour rien au monde. Elle a l’impression de suivre les directives d’un ordre plus grand.
Quand quelques minutes avant elle était assise en tailleur, elle souffrait trop. Impuissante. Victime.
Alors elle a obéit, elle s’est levée. Et elle a tourné.
Dans sa tête, le monde est bien plus beau. Elle valse. Elle est rassurée. Ses cheveux sont crantés. Elle valse en duo sur du bleu empire et du vert jade.
Elle n’est plus seule. Des bras l’ont saisi et elle a juste décidé de suivre le mouvement.
Quand il rentre, il secoue la tête, cache son visage entre ses mains. Il ne comprends pas. Et il ne comprendra jamais.