Noël approche et mes doutes avec.
Le seul avantage de Noël c’est qu’on peut boire sans que maman nous fasse les gros yeux. La dernière fois que je l’ai vu, ça remonte à trois mois. La dernière fois que je lui ai parlé, ça remonte à deux ans.
Maman me ressemble en mieux. Mais elle ne le sait pas. L’âge l’a assagi ou a-t-elle toujours été ainsi: chaleureuse, intéressante, vive ? Est-elle aussi cassée que moi de l’intérieur ?
Je suis un robot au moteur rouillé: il y a une fuite à l’intérieur de moi. C’est rare quand les larmes coulent sur mes joues. Elles coulent le long de mon œsophage, contournent mon cœur, finissent dans mon estomac. Et j’ai des ulcères. Le médecin me dit que je devrais faire de la sophro. Et boire davantage d’eau.
De l’eau j’en bois. Dans mon café. Dans mes cafés. Dans les 12 cafés quotidiens.
Je crois qu’on peut dire de moi que je suis une excessive. Quand j’aime, j’aime à la folie, à me couper un bras, à monter sur les toits, à poursuivre, à écrire, à peindre à pleines mains, à chanter, que dis-je, m’égosiller.
J’ouvre la boite au lettres. Deux colis et un avis de passage. Ça ne rentrait plus. Mes frères lisent plus que moi: ce sont des cadeaux qui leur plairont.
J’ai arrêté de lire quand j’ai compris qu’on essayait de m’imposer un cadre de vie et des opinions. Mais j’ai repris la télé. Ça m’absorbe moins, j’y adhère moins. J’y découvre des gens que j’admire.
« Jean ne supporte plus sa femme.
-Tu vas la fermer ta gueule ? ».
Oui. Une émission ultra intrusive où les gens se crient dessus. Ils se donnent de l’attention l’un à l’autre au moins. Se donnant l’illusion d’avoir les deux pieds bien sur terre. Moquez vous. Je sais que vous vous croyez bien mieux que moi.
Et vous avez raison.