Déjà quinze jours que je côtoie des jeunes personnes. Je me crois dans un reportage animalier où les meutes se croisent, s’écharpent, les couples se forment et tout finit toujours autour d’un festin.
Sauf qu’ici le festin est composé de frites et d’hamburgers.
Ma marche pour changer le monde devra commencer par le mode de consommation. Je suis végétalienne, depuis 10 ans maintenant. Depuis qu’André est mort, j’ai décidé d’arrêter de consommer les autres animaux. André, c’était mon ami, un jack russel d’à peine 11 ans.
Pas décevant pour deux sous lui au moins.
Les enfants n’ont encore pas compris ce qui m’arrivait. Les deux plus vieux ont vu leur mère passer d’une carnassière qui ramenait 2 conquêtes par semaine à la maison à une écolo grisonnante qui mangeait de la salade et recherchait l’amour d’un homme.
Ma fille, je ne la connais que très peu. Je ne sais pas ce qu’elle connait de moi, ce dont elle se souvient. Physiquement, c’est son père. Je ne lui dirai jamais, on ne parle pas de ces sujets-là.
J’aurai aimé qu’elle soit plus sensible, plus ouverte sur le monde. J’ai tout fait pour lui ouvrir l’esprit, lui donner l’occasion de rencontrer les autres. Rencontrer les autres: embrasser le monde et l’altérité !
Elle travaille dans un cabinet juridique à Paris, mène une vie sans intérêt, seule et raisonnable. D’une arrogance de provinciale montée à Paris, par ma faute, ses yeux parcourt la foule et ne se pose que sur les miroirs des magasins.
Elle est très belle ma fille. Autant que moi à son âge.
La salade sous mes yeux est grise. La prochaine fois, je ramènerai des asperges du jardin.
Journal d'Une Femme 