La tête qui tourne, mes jambes me guident jusqu’à l’abri bus. Il fait froid et il fait sombre. Je voudrais voir l’heure mais j’hésite à regarder mon téléphone. Et puis merde, il est donc 3h du matin.
La rue est quasi déserte. Il y a un chat. Et moi.
Et si.
Et si je m’allongeais sur le bitume ? Et si je me mettais à chanter ? Et si le bus arrivait mais s’arrêtait avant de m’écraser ? Et s’il ne me voyait pas ? Et si quelqu’un en descendait ? Et si c’était toi ? Et si ça en était un autre ?
J’aurai du prendre un manteau. Le béton est trop froid pour mon dos quasi nu.
D’un geste de la main, j’élimine les cailloux collés sur ma peau au niveau des reins. Je vais rentrer. En dansant.
La poésie de la ville de nuit. Tout ce béton qui retrouve son état inerte, sans vie, sans bruit. Pour une fois, je ne suis pas apeurée. Heureusement que le vin était bon. Assise sur mon fauteuil ou courant à travers l’appartement je me suis emmerdée.
De l’eau ? Un petit bruit qui vient me rappeler que la vie est bien là. Que musicale, excitante, surprenante, elle peut l’être. Le son ricoche, joyeux, coloré. Au coin de la rue, je l’entends plus fort. Mes yeux tombent sur l’objet du délit.
Je fais un signe de main joyeux au mec qui pisse sur un mur et je tourne les talons en direction de chez moi.