Le vent me souffle aux oreilles, la voiture ne roule plus mais vole, et Louis m’amène loin, le plus loin possible il a dit. Je passe de poings pointus à des bras qui enlacent avec le respect et la sérénité d’un frère.
Je ne sais pas où l’on va, on ne laisse juste aucune trace. J’ai 50€ en argent liquide et Louis complète avec sa carte bancaire personnelle.
Depuis longtemps, respirer n’est plus douloureux, il y a des fleurs violettes sur le bord de la route. « Ma » musique à la radio. Que Louis télécharge pour la passer autant de fois que je souhaite sur le trajet.
Je trace un trait dans ma tête sur un M, le I, le terrifiant G, le U toujours méfiant, le E qui crie, un L lugubre.
Louis me parle de sa sœur, de sa mère. Des femmes fortes et passionnantes. Des femmes différentes. Avec un orgueil développé, qui ne tomberaient pas sur des hommes comme celui qui à cette heure avait du défoncer la porte de la chambre et se trouver hébété devant le vide.
Pas pour te vexer, ajoute-t-il.
Pas de soucis, j’étais jeune. Trop jeune. Trop pressée de grandir, de l’aider à s’accomplir, de devenir quelqu’un, moi aussi. Et j’ai été prisonnière. De ses mots qui me tapaient, de ses bras qui m’étouffaient, des murs qu’il avait construits qui me gardaient enfermée.
Dans un moment d’égoïsme, je prie pour qu’il trouve une nouvelle proie. Je suis épuisée de la chasse. Louis me dit qu’il y a de l’herbe où s’allonger pour dormir en paix là où on va. Il dit que les bleus ça s’en va. Il dit que le cœur ça se soigne.
Tu verras, je t’amène voir les montagnes.