Céleste est venue. Elle m’a embrassé les deux joues, passé une main sur ma tête. Elle m’a donné un chèque. M’a dit de faire attention à moi, qu’elle serait peu joignable. Elle m’a dit qu’elle allait utiliser le dossier que maman nous avait donné. Qu’elle allait marcher. Qu’elle trouverait. Qu’elle en pouvait plus.
Elle a déversé tant de mots sur moi que je suis inondé. Mon studio est plein de mots suspendus partout qui menacent de me tomber dessus à tout moment.
Elle m’a dit qu’elle était trop jeune pour cette vie là. Elle m’a dit: je t’aime, mon frère chéri.
Moi, je n’ai rien dit. Après avoir soudainement ouvert son âme, elle a fermé la porte.
Pourquoi tu m’aimes plus ?
Quand tu m’as dit au revoir, Céleste, je me suis senti seul. Amène moi avec toi. Pourquoi es-tu partie sans me laisser le temps de me glisser dans ta poche ?
Voilà que d’un coup tu éclos. Comme une fleur qui promettait de mourir dans un pot marron, installée dans un appartement parisien asphyxié. Et que quelqu’un t’a mis sur un bord de fenêtre. Tu as vu la rue, et tu as grandi. Tu es devenue plus colorée. Tu as même passé une tige sur le balcon des voisins pour voir la rue suivante.
Et pourtant, c’était des larmes sur tes joues. Ne pars pas, tu seras malheureuse sans moi. Plus que ce que tu l’étais déjà.
Ton plan est fou.
Il te ressemble un peu.
Ne pars pas Céleste.